01 / 10 / 2024 dans le cadre des SISM 24,
Soudain, l’enfant se lève, ses jambes flageolent doucement, enfin, à tâtons, il prend appui.
Son équilibre précaire, ses premiers pas sur terre, l’inquiètent, puis, finalement, le rassurent,
Sur le plancher de la maison, il avance un pied, puis l’autre, « Enfin ... il marche, ce mouflet ! » s’écrit la mère, admirative.
« Pourquoi veux-tu marcher, curieux avorton, mettre un pied devant l’autre et recommencer ? » lui demande-t-on.
« Pour découvrir les océans rageurs, les prairies endormies, les montagnes, les volcans et les rivières tumultueuses
Pour connaître : nouveaux peuples, traditions oubliées, et pensées des hommes les plus sages »
« Ephèbe aventurier, ne marche pas sur mes harmonieuses et délicates plates-bandes ! »
S’écrie, furieux, l’employé jardinier étranger, hélas si mal payé, au pied de la riche demeure.
« Sauve-toi, par pitié, va donc traîner tes guêtres un peu plus loin, là-bas, sur l’immense et lumineuse lande ! »
« Essaye donc, petit gars, de marcher en rêvassant, comme ça, la tête vers le ciel étoilé ! »
Chuchote de sa voix feutrée un élégant poète, assis en tailleur, sur un tapis volant.
Ne sais-tu donc pas que ta fortune, dans les astres, tu trouveras, loin de cette inhumanité ?
« Sur des œufs, je te le dis, gamin, il va falloir t’apprendre à marcher très lentement !
Qui sait, le grand avocat que tu seras peut-être, de ce vieux captif innocent. » Lui lance le juge.
« Une bonne fois pour toutes, au nom de la justice, tu feras se libérer de ses menottes ! »
« Il t’arrivera aussi, à toi, l’ado, de marcher sur la tête, traînant tes semelles et ton piano à bretelles !
Afin de divertir par ton jeu de musicien des rues, de ténor aventurier des places perdues. » chante, pour lui, un artiste.
Alors, jour après jour, lune après lune, sans sursis, sans repos, tu trouveras à remplir ton écuelle. »
« Un jour, en voyageur pressé, tu te hasarderas certainement à prendre le train en marche, jeune homme ! » Affirme le chef de gare.
« Échevelé, épuisé, laminé, la valise pleine de souvenirs, il te faudra franchir la porte entrouverte,
Du compartiment délabré et frisquet de ce train à vapeur, grelottant sous le regard des voyageurs. »
« Puis, viendra ce jour heureux, quand, devenu adulte ! » lui annonçai-je, « tu rencontreras un homme, à la fragile santé mentale.
D’une démarche hésitante, il avancera, éclatant de son visage facétieux, au-devant de toi... Il ira.
D’un large sourire, il te fera marcher, il nous fera tous marcher. Et nous marcherons sur ses pas,
Avec notre plus grande fierté ! »
Merci à toi, Cécile, pour ce joli moment !😊