Des flammes, incontrôlables, un vent complice, nous ont jeté sur la route. Malgré la chaleur écrasante et l’absence tenace d’ombre. En plein midi.
Avant ? L’attente. Le plus longtemps possible. L’échéance repoussée. La fuite. Sur la route. Le peu qu’on pouvait emmener ? Rassemblé. Même pas un minimum vital… à quoi ça pourrait bien servir ? Quelques couvertures. La bonne blague ! on crève à en mourir sous l’air incandescent et on s’encombre de linge épais, chaud ! Apportera-t-il un semblant de confort ? Autant se saisir des coussins, des tapis ou des nattes. Une besace bourrée de frusques et d’autres fringues en coton léger : là je pige. Toutes les gourdes et thermos. Remplis à ras bords. Ça paraît plus logique. Des conserves. Ce qui reste de transportable. Malgré la rouille, le travail de sape bien avancé lors de la première période de diète
. Et du non périssable. Toute la bouffe possible à prendre. Même celle de Tiny. Riz, céréales, farine. Contenue depuis toujours dans de grandes boîtes cylindriques, des restes dont personne n’aurait osé se débarrasser. Pas la place pour tout ce barda. On continue : on prend, on prend. Acharnés. Tant que les murs tiennent, que l’air reste supportable. Avant que le sol ne se dérobe sous nos pieds...
L’exode peut durer. Avant un bref tour du propriétaire et de tout ce luxe, le… superflu. On sait. Chacun son portable. Chargé à bloc. Sa batterie. Et un petit plus, sélectionné personnellement. Pour Tiny, son doudou, pour ma mère, deux photos. Une du mariage. L’autre de ma naissance. Elle a toujours été romantique. Pas davantage, le paternel ne l’autorise pas. Pour moi : une gourmette à la gravure brève, un talisman m’exhortant de ne pas oublier mon surnom, « Angie. » Pas vu mon père prendre quoique ce soit.
Extrait d'un texte en cours d'écriture pour lequel j'ai proposé un autre texte (Espoir). Ici, il s'agit du début du récit, le fameux "incipit"...